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Le 1er décembre prochain, Fermin Muguruza, l’ex-chanteur des groupes basques Kortatu et Negu gorriak, figure de proue de la scène punk rock dans les années 1980, présentera au cinéma L’Atalante de Bayonne son dernier film « Bidasoa 2018-2023 ». Le documentaire de 71 minutes rend hommage aux migrants décédés dans le passage de la frontière, ici. Encore un film qui parle de la « crise migratoire » ? Oui, mais non. Non, parce que le projet se focalise sur la parole des associations de terrain, qui côtoient au quotidien ces exilés en transit. Et non, parce que Fermin Muguruza redonne une identité à ces disparus. L’artiste militant a enquêté sur leur périple, à travers la géographie ubuesque de l’exil. « Je voulais raconter qui ils étaient, et qui ils avaient laissé derrière eux en quittant leur pays », expose l’ancien rockeur.
Fermin Muguruza. En 2018, lors de la promotion de mon premier film d’animation, « Black is Beltza », je revenais d’un festival dans les Asturies en bus. Quand je suis descendu à la station d’Irún, je me suis retrouvé nez à nez avec des « oiseaux de nuit ». C’étaient des gens que je connaissais de vue. Je leur ai demandé ce qu’ils faisaient là, s’ils sortaient d’une fête… Ils m’ont expliqué qu’ils attendaient les migrants susceptibles d’arriver, pour éviter qu’ils errent toute la nuit et leur donner des informations sur la frontière, gardée jour et nuit par la police française.
Trois ans plus tard, en avril 2021, un jeune Érythréen de 21 ans, mettait fin à ses jours en se pendant au bord de la Bidassoa. Un choc terrible. Le groupe d’aide aux migrants Harrera sarea a indiqué que, dans les jours précédant son passage à l’acte, la victime avait été, par deux fois, arrêtée et reconduite à la frontière. Un mois plus tard, un Ivoirien s’est noyé dans le fleuve en voulant traverser. Quatre autres connaîtront le même sort en un an. Trois exilés ont aussi été écrasés par un train à Ciboure. Certains médias ont commencé à parler de « fleuve assassin »… J’ai voulu exposer la réalité telle qu’elle était : ce n’est pas le cours d’eau qui tue, mais la politique migratoire.
Depuis 2021, nous nous sommes rapprochés des associations qui viennent en aide à ces personnes. Je voulais raconter qui elles étaient, d’où elles venaient, qui elles avaient laissé derrière elles en quittant leur pays. C’était un travail qui demandait de la discrétion. Nous voulions que le minimum de personnes soient au courant. Nous sommes parvenus à tourner entre Irún, Urrugne, Biriatou et […]
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