FERMIN MUGURUZA /// MERINA GRIS. 21 mars à La Cigale (Paris 18)

Croque and Roll Live ➝

Pas peu fier d’avoir convié Maître Nicolas à m’accompagner ce soir là à La Cigale… et qu’il ait apprécié de découvrir Fermin Muguruza. L’éclectisme du croqueur de live est bien connu. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait aimé le son Fermin, mélange de musiques festives à souhait – ska, reggae, rock – au service d’un engagement militant anti-oppressions. L’ambiance survoltée des aficionados de ce pilier de la scène alternative basque, engagé dans des causes humanitaires autant que révolutionnaires, n’a pu que lui plaire également. Pour ma part, il y avait longtemps que je n’avais vu une telle ferveur festive et bon-enfant !

Fermin Muguruza fête ses quarante années de militantisme musical avec cette tournée européenne 2025, et c’est tout naturellement qu’il a dû faire appel à un jeune groupe d’Euskadi – les Merina Gris – pour sa première partie. Un quatuor qui nous subjugue avant même qu’ils aient joué une seule note. Leurs costumes de scène entre look Judge Dredd (pour l’impressionnant bassiste notamment) et combinaison sci-fi y sont pour beaucoup. Je suis ravi, notre croqueur allait pouvoir dessiner du comics en live et avec du gros son en prime ! Riffs plombés à souhait, claviers électro saturés, voix pop de la chanteuse dominant de la mêlée sonore, et notre bassiste format quaterback, déchainé en permanence ou presque. Il en perdit son casque-masque, s’éclipsa backstage le temps de remettre une cagoule intégrale et remit aussitôt le couvert. Ça rigole pas avec le look chez les Marina Gris ! On sent que ces costumes, vraiment de toute beauté, font partie intégrante de ce projet. Un set court, mais d’une rare intensité. Devant un public encore clairsemé, malheureusement pour eux. La faute à un horaire inhabituel pour les Parisiens / Franciliens. A-t-on idée de débuter à 19 heures ?! C’est qu’il fallait commencer tôt ; Fermin Muguruza ne lésine pas sur la durée de ses concerts et La Cigale se couche comme une vieille poule, c’est bien connu… 

Autour de nous, ça parle haut et fort, en basque évidemment. Ça sent les retrouvailles entre fans et amateurs de la scène alternative des années 80/90. On apercevra même un tee-shirt Béru millésimé. Moyenne d’âge en deçà de celle de Fermin, mais hormis celles et ceux qui savent que ses concerts sont matière à bamboche, les moins de quarante piges ne sont pas légion. Comme souvent lorsque l’on a une belle brochette de musiciennes et de musiciens sur scène, ceux-ci font leur entrée avant le frontman. Ça nous permet d’apprécier le trio de soufflants, l’accordéoniste, le bassiste et le percussionniste qui se révéleront être de véritables cadors dans leur partie respective  et les figures féminines du groupe. La décapante choriste (comme toujours chez Fermin), une batteuse de choc et une talentueuse guitariste-chanteuse. Depuis qu’il tourne en solo, le chanteur de Kortatu et de Negu Gorriak – deux formations historiques du rock radical basque fondées avec son frère Inigo – s’est toujours très bien entouré.

En 2009, Fermin a délaissé la guitare pour la caméra. Réalisateur de documentaires, ce féru d’animation et de BD a également mis en scène deux longs métrages animés. Comme de juste, ses images tournent en boucle en fond de scène explicitant visuellement les luttes qu’il raconte dans ses chansons. Elles illustrent à merveille Nicaragua Sandinista, Desmond Tutu, la charge anti-capitaliste de Big Beñat… Infatigable militant, Fermin appellera évidemment à la manif anti-raciste prévue le lendemain à Paris et rendra un hommage à son frère en reprenant A la Calle de Kortatu.

Et le public de grabataires dans tout ça ? Déchainé du début à la fin, pivotant joyeusement pour les plus vifs, dansant d’un pied sur l’autre pour les plus anciens comme votre serviteur. Sa jambe droite, plus bourgeoise que la gauche évidemment, lui en a voulu le lendemain matin

Ir al artículo original